L'Alliance européenne pour la recherche en radioprotection médicale (EURAMED) a remis la semaine dernière le prix EURAMED 2023 à la Dre Federica Zanca, PhD, experte en physique médicale et responsable du département R&D de 3R – Réseau Radiologique Romand. Menés durant sept ans dans les centres du réseau, les travaux récompensés portent sur l’impact d’un programme d’optimisation de la dose sur le risque de cancer radio-induit par les examens de tomodensitométrie (CT scanner) chez l’adulte. Les résultats sont impressionnants, avec une réduction du risque de plus de 53% en moyenne. Une belle reconnaissance de la communauté scientifique européenne pour l’engagement de 3R dans la recherche clinique.
La médecine moderne a connu des progrès remarquables dans les techniques d’imagerie diagnostique, parmi lesquels le développement des CT multi-détecteurs (MDCT) ultra-basse dose équipés d’intelligence artificielle pour la reconstruction des images. Cette technologie a révolutionné l’imagerie médicale en fournissant des images détaillées du corps humain avec une netteté et une rapidité exceptionnelles. L’examen présente toutefois un inconvénient : l’exposition aux rayonnements ionisants et ses risques potentiels. Soucieux de réduire au maximum la dose d’exposition de ses patient-e-s, 3R a toujours placé la radioprotection au cœur de ses stratégies médicales et de R&D.
C’est ainsi que, dès 2015, une démarche qualité baptisée «Une dose juste pour un diagnostic juste» a été déployée sur l’ensemble du réseau 3R. Son principe : tous les protocoles d’examens par CT scanners sont définis en fonction de l’indication clinique et de l’indice de masse corporelle des patient-e-s afin de délivrer une dose personnalisée et optimisée. Grâce à cette démarche, le niveau d’irradiation des patient-e-s lors des examens a sensiblement diminué.
L’étude récompensée mercredi passé (11.10.2023) à Dublin à l’occasion de la semaine européenne de la radioprotection donne une estimation de l’impact de ces programmes d’optimisation sur les risques de cancer radio-induits par les examens de CT-scanner. La Dre Federica Zanca, responsable du département R&D de 3R et co-autrice de l’étude, a ainsi reçu le prix 2023 EURAMED (Alliance européenne pour la recherche en radioprotection médicale). Cette organisation a pour objectif de promouvoir la recherche et l’enseignement en publiant des informations scientifiques et professionnelles, notamment dans le domaine de la radioprotection. Pour mener à bien sa mission, EURAMED collabore avec les organisations scientifiques nationales, européennes et internationales actives dans ce domaine.
Méthodologie : sept ans d’études dans neuf centres en Suisse romande
Cette recherche clinique a été réalisée de 2015 à 2022 dans neuf centres d’imagerie de 3R, soit l’Institut de Radiologie de Sion (IRS), le Centre d’Imagerie de Martigny (CIMA), l’Institut de Radiologie de Monthey-Collombey (IRMC), le Centre d’Imagerie de la Riviera (CIR), le Centre d’Imagerie de Lausanne-Épalinges (CILE), le Centre d’Imagerie du Petit-Chêne à Lausanne (CIP), le Centre d’imagerie de Morges (CIM), le Centre d’Imagerie d’Onex (CIO) et le Centre d’Imagerie de Fribourg (CIF).
Le programme a été mis en œuvre en quatre phases, comprenant une uniformisation des protocoles cliniques suivi de trois phases d’optimisation de la dose, y compris l’introduction de CT scanners de nouvelle génération et de reconstructions par Intelligence artificielle.
Les chercheurs ont utilisé le modèle BEIR VII pour estimer le risque de cancer individuel induit par le rayonnement pour chaque phase en se basant sur les doses aux organes, l’âge au moment de l’exposition et le sexe. Ils ont également calculé le risque de cancer au cours de la vie et le risque spécifique à un organe en utilisant le système RadRAT (version 4.2.1).
Résultats : plus de 50% de réduction du risque de cancer pour les protocoles du thorax et de l’abdomen
Les résultats montrent une réduction globale de 53,1 % du risque de cancer au cours de la vie en relation avec l’optimisation de la dose des examens par tomodensitométrie. Lorsque ces informations sont stratifiées par région anatomique, la réduction est de 52,5 % pour le thorax et de 53,7 % pour l’abdomen. Les plus fortes diminutions du risque ont été observées pour les indications cliniques d’emphysème (59,1 %) et de diverticulite (61,2 %), tandis que l’impact le plus faible concerne les indications cliniques de pneumonie et de tumeur rénale, avec respectivement 30,0 % et 37,3 % de réduction du risque.
L’étude démontre ainsi que le processus continu d’optimisation des protocoles de tomodensitométrie a permis de réduire significativement le risque de cancer lié aux radiations ionisantes. Pour le Dr. Hugues Brat, CEO de 3R, ce programme de recherche illustre l’esprit innovant du Réseau Radiologique Romand: « En 2015, nous avons démarré ce programme de recherche clinique avec l’ambition de diminuer le risque de cancer radio-induit. Ces résultats très encourageants nous réjouissent car ils attestent de l’impact direct de notre démarche qualité continue sur la santé de nos patient-e-s. Je suis particulièrement fier de la contribution de 3R à la radiologie de demain. ».